Pour que j’aie une place le monde a été créé,
le grand et le petit
et le degrés qui les unissent ;
la tête d’Orion et les ailes de Véga
et la motte humectée de salive dans la blessure.
Et la terre d’Éthiopie et la terre d’Hevilath,
où sont le charbon et la pierre précieuse ;
et ce qui est visible, mais je ne le vois pas
et je le nomme pour être nommé.
Partout son centre, où que je me tienne ;
Et si je bouge je vais vers le centre.
Je me trouve ici, et l’ici
est le moment où je me trouve partout
comme une succession et comme une nécessité,
comme une fraction qui fend les distances
ou comme un palindrome qui inverse
la répertoire incomplet de l’existence.
Comme tout un chacun dans son propre monde ;
avec l’imparfait du nombre pair,
l’entier du nombre impair,
le dessous, le dessus et l’entre-deux
et le maudit de la terre.
Certes il y eut d’abord la voix :
dépourvue de sentiment, comme une parole de technocrate.
Jusqu’au jour compté comme sixième
elle a tout réussi :
le proche, le lointain et l’invisible,
la semence en spirale et le fruit fécondable,
toutes les espèces (toujours par couples),
ses essais pour que les créatures soient à son image,
les commandements, tant de promesses,
la connaissance comme une culpabilité insoutenable.
Et ensuite elle bénit le septième jour ;
et ensuite elle se tut pour se reposer.
Et ensuite ?
Ensuite si au moins elle s’était tue pour toujours.
Mais non !
D’espionner les soirées et les promenades,
de juger, d’enquêter, de menacer ;
elle nomma même des tuniques de peau,
pour habiller au plus vite les corps nus.
Et ne voilà-t-il pas
qu’elle se ronge les sangs pour une queue de pomme
qu’elle a trouvée jetée dans son jardin !
Chorika
Traduction J. Kaminski